
Air
Les êtres touchés par l’air sont semblables à cet élément. L’air est mobile, changeant et instable. La personne voit se modifier fréquemment ses intérêts et considère la variété de ses activités comme essentielle à son émulation. Ainsi s’intéresse-t-elle à tout, mais alors forcément de manière passagère. Elle s’anime rapidement et avec entrain lorsque vient le moment d’argumenter et de faire valoir son opinion. La communication, dans toutes ses ramifications, demeure son domaine de prédilection parce que source de stimulation et de renouvellement qui lui sont aussi nécessaires que l’oxygène l’est à la vie.
L’air est léger et mouvant. Ces personnes aimant se déplacer constamment et dialoguer avec les uns et les autres établissent ainsi de nombreux contacts avec tous. Elles aiment apprendre, échanger des informations, véhiculer des idées. Plus habitées par des opinions diverses et volatiles sur de très nombreux sujets que par de solides principes. Elles changent volontiers d’idées s’il faut s’adapter aux circonstances et ainsi saisissent des opportunités qui, autrement, leur échapperaient. On pourrait dire que les idées sont pour elles comme un terrain de jeu qui, générant du plaisir en société, les favorise dans la vie mondaine où elles s’attirent de nombreux amis et admirateurs.
En mythologie, Éole incarne le vent. Son intervention la plus connue est celle où Ulysse, dans son voyage de retour de Troie pour rentrer chez lui à Ithaque, aborde l’île d’Eolia où il rend visite à Éole le maître des vents qui l’accueille spontanément avec hospitalité et amitié. Après avoir passé un mois ensemble, il remet à Ulysse une outre contenant tous les vents adverses à l’exception de celui qui le ramènera à sa douce Pénélope. Les compagnons d’Ulysse croyant plutôt qu’elle contient des trésors inestimables ne se méfient pas et décident de l’ouvrir pendant que celui-ci est endormi et font ainsi se répandre la tempête et les périls plutôt que la brise favorable.
Le rôle joué par l’air en est un qui implique l’instabilité, le mouvement, le déplacement, la turbulence, la circulation des idées, le nomadisme, l’échange enjoué avec éclats de voix spontanés, chaleureux, invitants. L’air ou le vent indique donc aussi la liaison, le contact, l’immédiateté, le voisinage, le jumelage, la proximité, la fraternité, la relation. « Quel bon vent vous amène » n’est-elle pas l’expression joyeusement lancée pour marquer la surprise et l’étonnement à l’arrivée d’un visiteur bienvenu? Quant à l’engourdissement de l’esprit, à l’inconscience, au sommeil qui conduit au relâchement de la vigilance, à l’incapacité de « flairer le vent », la personne pourrait payer chèrement de ne s’en être pas méfié. Par ailleurs, pour marquer un changement de génération, la nouveauté d’un concept ou d’une musique, le déplacement d’un lieu touristique ou d’une activité commerciale, ne dit-on pas que le vent a tourné, indiquant par là un changement dans les idées, un tournant dans l’histoire? Les signes d’air sont profondément marqués par cette nécessité vitale qu’est la mobilité sous toutes ses formes.


L’air des Gémeaux est celui qui permet au danseur d’avoir justement les pieds dans les airs. Il est aussi le premier des quatre signes mutables. Le Bélier incarne le principe émetteur et le Taureau le principe récepteur. Le Gémeaux devient le lieu où les deux principes précédents convergent pour se rencontrer, pour échanger. Ces êtres vont donc favoriser les contacts, les dialogues, les distractions, les divertissements : danser, badiner, fréquenter des camarades, développer des amitiés, entretenir des relations. Ils conservent toujours une attitude juvénile et privilégient le jeu et les petites expériences de toutes sortes comme mode d’apprentissage. Même devenus adultes ils recherchent les fréquentations, les réceptions, les sorties. Le Gémeaux socialise aussi facilement qu’il respire. Loquace, il aime communiquer, négocier, plaider, argumenter et possède une maîtrise amusante du jeu de mots. Il est à l’aise là où des échanges se font: échange d’idées bien sûr, mais aussi de marchandises, de savoir-faire, d’argent. On l’imagine content de s’activer ou d’œuvrer dans les lieux animés où l’on transite: transports, gares, aéroports, expositions, festivals. Il demeure peut-être superficiel, mais il compense en s’intéressant à tout, même si c’est de courte durée, ce qui favorise l’intensité du moment par une communication passagère, mais intéressée. Il aime le déguisement, le théâtre ou le cirque. Il possède une double personnalité avec laquelle il s’amuse volontiers et qui peut parfois lui rendre service. Il saisit au passage l’occasion d’imiter, de caricaturer, de plaisanter, de rire et de faire rire pour le plus grand divertissement des amis ou des convives. Il ne cherche pas à exposer une thèse ou une antithèse ; il prend simplement plaisir à montrer un tableau d’ailleurs aussitôt abandonné au profit d’une autre idée, d’une autre activité, car les choses doivent bouger, changer, varier. Il est à noter que l’air des Gémeaux est le plus dense parmi les trois signes d’air. En effet, il est celui sur lequel la gravitation exerce le plus de force. Il est comprimé à la surface de la Terre, collé au sol9. Les idées sont trépidantes et dynamiques, mais elles retombent aussi rapidement, ne pouvant maintenir en permanence un tel état de nervosité, de fébrilité ou d’excitation.


L’air de la Balance est celui qui, occupant une couche plus élevée dans l’atmosphère, accueille les montgolfières, s’engouffre dans les parachutes, porte et supporte les avions. Cet air est d’une concentration moins propice à l’activité pulmonaire, pourrait-on dire, que celui qui gouverne le Gémeaux, car plus on s’éloigne du sol moins la pression est forte et plus l’air respirable se raréfie. Moins dense, moins physique que précédemment, il suggère l’idée déjà plus abstraite de qualités à réaliser auxquelles réfléchira la personne avant de descendre dans l’arène de l’action. C’est ainsi que nous quittons la matérialité organique du Gémeaux pour accéder à une matière en quelque sorte psychique. Comme la balance qui représente le signe: cet instrument de mesure évoque des notions d’égalité, de justice, d’équilibre, de balancement, d’harmonie, de juste milieu, d’équité. Il suppose un examen minutieux des données en présence avant de procéder à une évaluation adéquate. Et parallèlement, le natif de la Balance hésite, réfléchit, pèse et soupèse la situation, révise le fondement des arguments, remet même à plus tard une décision, car il est soucieux de ne rien négliger avant de rendre un jugement objectif et impartial afin d’être juste. C’est là un principe auquel il adhère consciencieusement, car il veut à tout prix éviter de prêter le flanc à la critique, provoquer un désaccord, déclencher un conflit, soulever une polémique, entraîner une séparation ou un divorce. Cette attitude globale l’avantage également dans sa vie amoureuse. Poncer les aspérités ou éloigner les sources d’hostilité et d’affrontement est approprié non seulement aux contrat, alliance ou traité qu’il pourrait signer, mais aussi à l’union sentimentale où l’harmonie, la réciprocité, l’égalité jouent favorablement dans sa vie de couple. On peut noter que la Balance est à mi-chemin entre le début et la fin du zodiaque. Cette position privilégiée, en état d’équilibre entre les extrêmes, lui confère le sens de la justice, la sensibilité affective, mais également une sensibilité pour les arts. La personne est l’incarnation même de la nuance, de la note subtile dans les formes et de la touche colorée dans les agencements. Elle possède le sens de la symétrie, de la proportion ou de l’équilibre en tant qu’expression du beau. Et même si elle devait introduire de la turbulence dans le beau, elle le fait avec art.


L’air du Verseau se retrouve dans les zones les plus élevées de l’atmosphère, là où prennent naissance tempêtes, ouragans ou cyclones. Cette région de l’espace nous conduit ensuite jusqu’aux confins de cette enveloppe atmosphérique. Et plus on s’élève, plus l’air devient inexistant. Cet espace de moins en moins terrestre constitue le lieu des installations satellitaires et des télécommunications étendues à toute la Terre. Le Verseau est celui dont l’esprit traverse avec aisance les couches atmosphériques superposées. Son cerveau hyperactif produit des pensées électrisantes et stratosphériques. Le natif du Verseau voit le monde dans sa globalité, acquiert une conscience planétaire, forge et développe des idées à la vitesse de l’éclair. Le Bélier (figure de Mars), a-t-il été dit, ne tolère qu’une courte distance entre la pensée et l’action. Et si cette caractéristique a été mentionnée, c’était pour désigner chez lui la spontanéité. Dans le cas du Verseau (figure d’Uranus), on en arrive à une forme d’annulation de cette distance. Chez lui, cette caractéristique devient plutôt l’instantanéité. En effet, on ne parle pas d’un simple contact entre penser et faire, on parle plutôt de fébrilité permanente qui fait sentir la nécessité impérative de passer à l’acte immédiatement. Cette immédiateté est à ce point puissante qu’il vit l’action à exécuter en mode lenteur et lourdeur. Pendant qu’une action s’exécute, sa pensée percute d’autres obstacles, d’autres limites. Son esprit anticipe constamment les événements et donc l’action qu’il faut entreprendre dans des délais nuls. Mais imaginer à l’avance et aussi rapidement peut conduire à des erreurs importantes d’évaluation de la situation, à poser des actes irréfléchis, à transgresser des interdits en dépassant les frontières qu’impose son temps ou son milieu. Et s’il n’y prend garde, cette agitation intérieure, cette frénésie biochimique, cette tension poussée jusqu’à la surexcitation permanente pourraient prendre une tournure pathologique. Cette vision à la fois globale et transversale qu’il a de la Terre entière développe chez lui des idées humanistes, généreuses, exaltées jusqu’aux utopies, dont on sait qu’elles sont bien souvent les précurseurs de changements nécessaires et parfois révolutionnaires.