
La matière ou la substance
MAISON 1 (Ascendant) - BÉLIER
De toutes les maisons, c’est certainement la 1 qui se laisse la moins bien cerner. Avec l’Ascendant nous avons un point de départ de la même manière que le Bélier marque le commencement d’une année nouvelle, tout comme une venue au monde avec l’arrivée du nouveau-né marque aussi un début, un « balbutiement ».
Or dans la biologie cellulaire, ce point de départ peut s’identifier au spermatozoïde s’élançant à la rencontre de l’ovule attractif qui, préparé à cet effet, attend la semence. On peut lire dans cette genèse un premier principe, émetteur ou actif, et un second principe, récepteur ou passif15. Le tout premier bagage qu’emporte avec lui l’être à naître est certainement une signature génétique. On comprend mieux pourquoi la maison 1 a souvent été désignée comme principale source d’information sur l’hérédité et donc l’ascendance dans un thème astrologique.
Le corps est vu comme l’organe de l’esprit, son enveloppe, sa coquille, son instrument, son équipement pour réaliser sa volonté. Ce corps ne s’est cependant construit qu’avec les éléments que pouvait agglomérer le matériel génétique parental, ancestral. C’est à travers ce matériel que des capacités et des aptitudes sont ainsi attribuées à l’être. Mais celui-ci a le pouvoir d’intervenir. Il peut suppléer aux déficiences ou aux carences et ainsi infléchir la destinée, la route augurée ou plutôt programmée.
Cette maison renseigne sur les potentialités physiques appropriées ou limitées dont l’esprit bénéficie ou doit s’accommoder pour remplir ses tâches, pour se réaliser, pour accomplir en fait l’œuvre qu’est la vie d’une vie. Mais elle éclaire aussi sur la constitution physique elle-même, sur sa forme, sur la structure des organes ou des membres. Elle parle de morphologie, d’anatomie, de plasticité, d’allant général de la personne.
Par ailleurs, un organe robuste ou dysfonctionnel renvoie à une vigueur précise et localisée ou à une pathologie inhérente. Et cela n’est pas sans effet sur la psyché générale de l’être qui, à l’image du spermatozoïde, se lancera avec succès là où il possède les facultés sollicitées, ou avec échec en vue s’il n’est pas pourvu du matériel génétique conséquent. L’Ascendant informe sur la capacité à se mobiliser et plus particulièrement sur la manière de le faire.
La maison 1 fait référence à l’intégrité de la personne, sa vitalité générale, sa vulnérabilité première, son métabolisme, son activité cérébrale. Attitude première devant l’émergence des nouvelles conditions d’existence. Degré d’implication de départ, de dynamisme insufflé, de détermination à vaincre. Elle dit ce que nous allons faire avec ce que nous avons reçu. C’est le lieu où la volonté s’affirme ou s’effondre, le lieu où le réflexe est donné à voir avant la réflexion.
MAISON 2 - TAUREAU
Autant le spermatozoïde fait office de projectile, autant l’ovule constitue non seulement la cible, mais aussi la substance, la résistance qui freine cet élan. Sa course s’arrête nette. Le but qui consistait à franchir le trajet et investir l’objectif est atteint. La conception s’est produite. L’ovule l’enveloppe, l’absorbe. La stabilité, la sédentarité, l’attraction, la réceptivité définissent la maison 2. Elle exprime les acquisitions, les richesses, les gains, la fortune, les possessions principalement matérielles.
La maison 2 indique ce que la personne parvient ou ne parvient pas à engranger en biens, en avoirs, en patrimoine, en fonds de réserve, en crédit… Désir irrépressible de prendre, de cueillir, d’accaparer, de faire fructifier pour conserver, mais aussi pour dépenser afin de procurer un plaisir, une jouissance, une satisfaction dont l’intensité doit être palpable. Pour se nourrir, satisfaire ses appétits, le garde-manger se veut bien garni et les approvisionnements en capitaux assurés. Accent sur l’accumulation non seulement pour ce que ça rapporte, mais aussi pour la quiétude que cela confère. Détenir, accroître génère volupté et apaisement.
Représentant dans un premier temps la substance dans ce qu’elle a de plus tangible et opaque, la maison 2 est fondamentalement saisie, rétention, appropriation. Elle permet de récolter, remporter, ramasser. Elle cristallise la relation établie entre l’être et son avoir, le sujet et son objet: la personne s’identifiant à l’objet possédé. Mais cet objet peut aussi être désincarné et correspondre à un savoir, une qualification, un talent, une expérience, un droit, un charme, un instinct, une sagesse ou autres avantages que la personne parvient à cultiver et donc à posséder.
MAISON 3 - GÉMEAUX
L’élan propre au spermatozoïde affecte la stabilité propre à l’ovule. La jonction provoque chez l’un et chez l’autre des répercussions qui impriment une impulsion à ce jumelage16. L’impact génère un frémissement, engendre une instabilité. La collision produit un ébranlement, crée finalement le mouvement qui fait ainsi son apparition dans la maison 3.
La mise en commun du principe mâle et du principe femelle donne lieu à un échange du bagage génétique. Cette étape évoque donc l’idée de dialogue, de communication, de liaison, de changement inhérent au mouvement. Et celui-ci donne lui-même à entendre l’animation, le rythme, le déplacement, la transmission, la mobilisation. Une bipolarité résulte de ce couplage.
Dans la maison 3 figure le monde de l’environnement immédiat, celui des premiers contacts avec les familiers : les frères, les sœurs, les cousins, les amis dans les parages et plus tard les camarades de classe, les collègues, les compagnons de voyage, les membres d’une équipe sportive. C’est le monde du voisinage, de l’entourage rapproché, des relations de proximité. Le thème du dialogue fait référence aux transactions ou aux communications les plus diverses : commerce, étude, correspondance; tout ce qui joint, connecte, conjugue ou relie: l’intermédiaire, le médiateur, l’interprète; tout ce qui bouge, entre en mouvement, s’articule, se déplace ou sert au transport.
Les contacts peuvent éventuellement rejoindre des formes étendues ou plus générales de bipolarité : dialogue affect-intellect, relation science-religion, débat nature-culture, dialectique ordre-désordre… Tous lieux où les dés sont lancés pour obtenir de nouvelles combinaisons qui redéfinissent les rapports entre les parties en présence.
MAISON 4 (Fond-du-ciel) - CANCER
La maison 4 se caractérise par la mitose cellulaire. À la fin de ce processus de division, l’unicellulaire sera devenu un organisme pluricellulaire. Pour le moment, c’est la phase de gestation, de grossesse où l’être à naître est encore protégé dans une coquille, dissimulé dans un cocon, à l’abri dans un ventre. D’où, pour la maison 4, les idées de vie privée, famille, parent, enfant, aïeul, fertilité, fécondité, de parturition. Elle souligne la sensibilité à une appartenance consanguine.
Symboliquement, c’est aussi l’attachement aux traces de l’histoire, aux origines, au passé récent ou reculé17. C’est la remontée aux sources. Les temps révolus sont remémorés et le plus souvent idéalisés. Les réponses aux questions fondamentales posées par la personne sont davantage cherchées dans le passé. Si cet attachement devient exclusif, il peut également se transformer en repliement sur soi. Les ambiances et atmosphères de type alcôve répondent à des besoins d’intimité, d’intériorité, de désir inconscient de retour au sein maternel. La maison 4 ou Cancer suggère donc aussi l’idée de bercail, de maison, de foyer, de refuge, de nid, de retraite.
Il est possible d’en élargir le sens jusqu’à la notion de patrimoine. Les biens et les droits augmentent le bien-être du chezsoi. Ce qui est acquis par héritage familial n’est cependant pas reçu de prime abord comme monnayable parce qu’il y a pour le legs autant d’attachement que de respect. Liquider reviendrait par contre d’une certaine façon à couper le cordon ombilical.
La famille dans son acception globale est perçue comme un levier, un agent, le fondement le plus assuré et le plus naturel qui soit. La fidélité reliée aux proches peut aussi s’étendre à l’idée de village, confrérie, région, ethnie, pays. Et ultimement la Terre elle-même tout entière peut être vue comme un habitacle qui nourrit, loge, protège.