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   L’expérience astrologique déjà très ancienne n’a pas manqué de noter des correspondances entre les planètes et les signes, d’où un héritage historique sur les affinités ou dignités et donc logiquement sur les incompatibilités ou débilités. Il est entendu que l’ensemble du thème agit de manière à réduire l’apparente rigidité de ces répartitions. Ainsi les planètes ne font pas qu’occuper une position dans un signe. Les aspects ou angles formés entre elles et avec d’autres composantes du thème viendront nuancer les interprétations en les atténuant ou en les accentuant.

   Le principe veut qu’une planète soit davantage en affinité dans un signe plutôt que dans un autre. Il est possible d’observer par exemple des traits similaires entre Mars, énergique et combatif, et le Bélier, dynamique et entreprenant. La même constatation s’applique pour Vénus, incarnant la douceur et la paix, et la Balance, signe d’harmonie et d’équilibre. Ainsi, lorsque Mars occupe le Bélier ou Vénus la Balance, il est dit de la planète qu’elle trône dans le signe ou qu’elle y est en domicile10. Or, en inversant la position, c’est-à-dire en l’éloignant de 180° de son domicile, la planète est dite en exil: elle est incompatible avec le signe et connaît le dépouillement de sa valeur, la privation de sa richesse, de ses propriétés. Mars, en exil en Balance, perd de son agressivité, de sa force brute, de sa vigueur, de sa rudesse, alors que Vénus en Bélier fait vivre des affections instinctives, brusques, impulsives qui ignorent finesse, romantisme, tendresse.

   En plus de l’axe domicile-exil, il y a aussi l’axe exaltation-chute. L’exaltation de Vénus en Poissons fait connaître l’équivalent d’une poussée de croissance particulièrement active: la vie affective, sentimentale, émotive, esthétique ou amoureuse devient un facteur d’épanouissement, un centre de stimulation, d’accomplissement et constitue une richesse dans l’existence. À 180° de cette position exaltée, Vénus est en chute en Vierge où elle connaît une privation de ses privilèges, des faveurs difficilement accordées, des désirs non satisfaits ou des attentes déçues.

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Tableau des correspondances

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   Peu d’auteurs s’opposent à cette répartition qualitative des planètes dans les signes. Par contre, la localisation de certaines d’entre elles ne fait pas l’unanimité parmi eux. Les signes qui ne font pas consensus figurent néanmoins dans ce tableau, mais en italique. Par exemple, Neptune est parfois suggérée en domicile non seulement en Poissons, mais aussi en Sagittaire alors que d’autres la voient plutôt en exaltation.

Dignités planétaires

Le domicile

   Une planète qui trône possède les pleins pouvoirs du fait qu’il y a prolongement et convergence des valeurs de l’astre et du signe. Mars est en domicile en Bélier parce que l’astre, qui constitue un noyau d’énergie et d’ardeur, est en affinité avec le signe par excellence du courage et de la combativité. Il y a donc amplification, enrichissement mutuel. C’est cette correspondance qui suggère l’idée qu’un couplage type ou de référence puisse exister. Les attributs et propriétés de Jupiter, expansif et cordial, et du Sagittaire voyageur et hédoniste se rejoignent, se concentrent en un foyer qui forme alors une position idéale, de force majeure. Cette position maîtresse, à la fois élevée et puissante d’une planète dans son domicile, assure avec plus de densité au porteur de cette signature les privilèges qui lui sont associés. La présence des ressources de l’astre dans le champ spécifique de l’activité du signe fait en sorte que tous les espoirs de réalisation sont permis.

 

L'exaltation

   Lorsqu’une planète est en exaltation, elle possède une valeur ajoutée du fait qu’il y a une affinité, une sympathie, une résonance entre l’astre et le signe. Mars est exalté en Capricorne parce que l’astre de la lutte, du combat, de l’action forme un amalgame robuste et vigoureux avec le signe de l’endurance, du sang-froid, de la persévérance. Dans son signe d’exaltation, l’astre acquiert du tonus, de l’éclat et une couleur contribuant à développer plus aisément ses qualités propres. L’astre est donc fortifié dans sa manifestation ou connaît une effervescence qui favorise la personne, qui jouit ainsi d’une réserve rassurante d’énergie lorsque vient le moment propice pour une intervention. L’exaltation demeure cependant un second foyer en importance. Ainsi, même si la planète reçoit effectivement un surplus « vitaminique », elle joue dans un thème le second violon. Cette position reste tout de même privilégiée puisqu’elle se situe immédiatement après le domicile en matière de dignité planétaire.

Débilités planétaires

La chute

   Pour sa part, une planète en chute marque un déclin, indique une perte de force, d’intensité, de vigueur, signale une atténuation, un affaiblissement dans son rayonnement, annonce un ternissement dans son éclat. Tend vers un épuisement ou une précarisation de la qualité et des ressources de l’astre. Par exemple, Vénus en chute dans le signe de la Vierge n’empêche pas fondamentalement la vie amoureuse. Celle-ci peut cependant traverser des labyrinthes qui viennent brouiller les pistes. La personne pourrait ainsi ne pas bénéficier pleinement de la vie sentimentale, éprouver des insatisfactions renouvelées, voir la conjoncture se développer à son désavantage, poser des gestes inappropriés aux circonstances, se donner et se dévouer sans gratification ni reconnaissance, découvrir tardivement n’avoir été qu’un jouet ou un faire-valoir. L’éloignement, le regret, le désenchantement participent de son lot affectif. Quoi qu’il en soit, une planète en chute prévient d’un étiolement, dénote une décroissance de sa force, une anémie, une restriction dans l’épanouissement de ses propriétés.

L'exil

   L’exil de son côté marque la vulnérabilité, souligne la déficience quant au potentiel de l’astre. Il jette une ombre sur ses dimensions positives comme pour mieux en dévoiler les faiblesses, les manques voire les handicaps. Par exemple Mercure en exil en Sagittaire ou en Poissons ne permet pas aux valeurs intellectuelles ou mentales de donner leur pleine mesure. Il est donc possible d’entendre des paralogismes, des propos simplificateurs ou détournés, d’observer des vues de l’esprit déformées, d’assister à des décisions irréfléchies. Laxisme intellectuel ou effort parfois sincère, mais sans les résultats escomptés ; dispersion, incohérence, régression ou déviation mentale ; lacune ou capacité verbale limitée, déconcentration, perte de contrôle. La plus sévère des débilités planétaires n’empêche pas nécessairement la maîtrise d’un talent. Elle peut cependant faire en sorte que les conditions n’en favorisent pas l’éclosion et l’expression. La personne peut alors ne tirer ni plaisir ni avantage à posséder une aptitude, une compétence.

   Différents écarts de longitude ou aspects retiennent l’attention. Ainsi, lorsque deux éléments du thème se présentent dans un angle de 60°, ils forment un sextile. Dans un angle de 90°, ils forment un carré. À 120° il y a un trigone et à 180° c’est l’opposition. Quant à la conjonction, elle se produit lorsqu’il n’y a pas d’écart entre deux positions parce qu’elles occupent le même point de longitude11.

   Cette pratique cherche à se raffiner en retenant même des angles mineurs : 30°, 45°, 135°, 150°. Des travaux moins répandus proposent de travailler avec les angles de 36°, 72° et 144° alors qu’il est possible aussi de tenir compte des aspects parallèles : ceux-ci se produisent lorsque deux planètes occupent le même degré de déclinaison.

   Dans l’exercice de l’interprétation, deux éléments en sextile ou en trigone produisent une interaction harmonieuse alors qu’en carré ou en opposition ils interagissent de manière conflictuelle. L’aspect vient donc moduler encore le sens à donner à une position planétaire.

   Ainsi, une planète peut être en domicile, mais recevoir des aspects contrariants, adverses. Inversement, une planète en exil peut aussi être en configuration positive et bienveillante par ses aspects favorables. Une planète peut encore être en exaltation ou en chute et se voir par ailleurs renforcée dans sa dignité ou enfoncée davantage dans sa débilité selon la nature des aspects.

   Une planète en dignité qui reçoit des aspects contrariants ne perd pas pour autant ses qualités, mais celles-ci peuvent se matérialiser de manière perturbante, déraisonnable, disproportionnée. La sensualité de la Lune en Taureau, par exemple, peut amener la personne à être dominée par le plaisir, à répéter les abus. La planète demeure à la hauteur de sa dignité, mais ses fruits sont consommés à perte ou goûtés grossièrement.

   Une planète en débilité qui reçoit des aspects positifs n’est pas pour autant dédouanée de ses lacunes, mais cellesci peuvent se manifester avec un minimum de conséquences néfastes. La dévirilisation, la démilitarisation de Mars en Balance ne sont pas propices à la victoire dans un combat, mais pourraient au moins conduire à un verdict nul plutôt qu’à une grave défaite. La planète demeure faible et fuyante, mais les pertes ou les méfaits qui accablent la personne demeurent alors limités ou empêchés de propagation délétère.

   Afin de toujours obtenir un profil plus nuancé, il est éclairant de retourner à la notion de bipolarité inhérente à chacune des planètes. Celle-ci permet de mieux saisir une valeur montante ou déclinante. Des tendances paradoxales et des penchants contradictoires habitant une même planète, sa configuration dans un thème amène l’interprète à retenir davantage une polarité plutôt qu’une autre.

   Si le Soleil par exemple incarne le rayonnement et l’affirmation de soi, il renseigne aussi sur l’égocentrisme et l’orgueil. Si Jupiter convie à l’opulence et à l’aisance, il induit également des comportements débridés, outranciers. Pluton ouvre la porte au renouveau, à la réanimation, à la renaissance, mais participe au dépérissement, à l’extinction, à la « mort ». Saturne présente les traits de la sagesse et de la modération, mais aussi ceux de la débauche et de la frustration.

   La bipolarité planétaire agit de concert avec la dignité et la débilité, mais seule l’appréhension du thème dans son entier vient justifier l’interprétation dominante.

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