
La vie ou la reproduction
MAISON 5 - LION
Avec les quatre premières maisons, nous étions davantage dans le monde de la matière, de la substance. Avec les quatre suivantes, nous accédons à la vie de son apparition à sa pleine maturité suivie de son extinction18. Cette manifestation de la vie est la seconde phase de développement du cycle des 12 maisons, intermédiaire entre la matière et l’esprit. La maison 5 est la première dans cette phase de développement de la vie. À ce titre, elle en représente précisément l’éclosion. Quant à la maison 8 qui sera vue plus loin, elle en marquera la disparition.
La grossesse inhérente à la maison 4 est terminée. Le séjour intra-utérin a permis de nourrir l’être maintenant prêt à naître. Avec la maison 5, nous assistons spécifiquement à la naissance ou l’expulsion du fœtus. La parturition ou le travail de l’accouchement appartenant plutôt à la maison précédente. La fonction alimentaire du cordon ombilical a pris fin et permet la première inspiration avec l’arrivée au grand jour. Et cette arrivée est la plupart du temps joyeusement saluée et vécue comme une fête. Il est désormais donné à cet être de sentir, de toucher, de goûter, d’entendre, de voir.
La maison 5 nous convie donc à la procréation et, par extension, à la création. Ici, la vie mondaine domine avec les récréations, loisirs, jeux, compétitions, activités physiques ou sportives, divertissements, plaisirs, spectacles. C’est le passage à l’être individuel qui cherche à prolonger la vie dans une progéniture ou des œuvres, à laisser sa marque dans une entreprise ou à imprimer son sceau dans un organisme, une institution qui pourra porter son nom. Cet individu cherche à être, à être reconnu.
À ce stade, il est donné à cet être un nom ainsi que l’autonomie. Il est conscience. Il est par contre surtout conscience de lui-même19.
MAISON 6 - VIERGE
De la même manière que le spermatozoïde a percé la membrane de l’ovule, le mâle léonin perce l’hymen, transformant ainsi la virginité en fécondité. Lion et Vierge ou maison 5 et maison 6 forment un couple en Balance ou maison 7, justement celle des unions.
La maison 6 est à la vie ce que l’ovule est à la substance dans la maison 2, c’est-à-dire un principe femelle justement bien représenté ici par le signe de la Vierge. Si la maison 2 traduit l’idée d’absorption, d’enveloppement, d’ingestion, la maison 6 renvoie à l’idée d’un travail principalement d’assimilation. Et c’est bien d’un travail, d’une besogne qu’il s’agit. Une fois l’aliment absorbé il y a obligation de le travailler pour l’assimiler afin de s’en approprier les nutriments nécessaires au maintien de la vie. Ce travail anonyme et parfois laborieux s’effectue dans le laboratoire du corps qui s’épuise à cette tâche nourricière. Employé à ce tri sélectif, à cette minutieuse extraction, l’organisme se fatigue, s’use. La maison 6 est donc aussi celle qui concentre les insuffisances, les déséquilibres, les dysfonctionnements, les maladies voire les psychopathologies.
Cette maison renseigne sur les petites corvées reliées à la domesticité, à l’intendance. C’est le travail assujettissant avec son lot de contraintes, de normes à respecter, de comptes à rendre. Elle conditionne les relations avec les gagne-petit, les employés, le personnel de soutien, les subalternes, les animaux et à la rigueur les règnes végétal et minéral entendus comme subordonnés, accessoires, instruments. Caractère mécanique ou répétitif des travaux qui incombent, qui retombent sur les épaules. Devoir transmettre des connaissances aux débutants, faire assimiler des techniques aux apprentis. Soutien à pourvoir. Maître formateur qui doit inspecter, sanctionner, valider. Obligations à remplir par nécessité et peut-être aussi par principe. Servitude, ouvrage, labeur. Contrôle hygiénique. Travail peu gratifiant, accompli dans l’anonymat et souvent dans l’indifférence des autres.
Les réserves sont accumulées non pas pour savourer un plaisir immédiat comme l’aurait fait le Taureau, mais pour un plaisir différé. Elles sécurisent, rassurent sur demain, dissipent des inquiétudes, apaisent des anxiétés. Les provisions agissent à la manière d’un tranquillisant: elles calment l’esprit. Perception thérapeutique des aliments.
MAISON 7 (Descendant) - BALANCE
Les principes masculin (Lion) et féminin (Vierge) s’unissent pour perpétuer la vie. Il est justifié de parler alors de descendance en maison 7 puisqu’elle se situe à l’opposé de la maison 1 qui désigne son contraire, soit l’ascendance ou l’hérédité. Dans la maison 3, il y a eu addition simple et mécanique d’éléments par couplage ou jumelage du spermatozoïde et de l’ovule. Dans la maison 7 il y a adjonction par convergence, élan mutuel vers l’autre. Le locomoteur, le propulseur n’est plus le flagelle du spermatozoïde, mais bien plutôt l’amour partagé. C’est maintenant l’affection réciproque qui motive, stimule, enthousiasme. Passer de la substance à la vie c’est assister au passage de l’accouplement animalier pulsionnel au rapprochement intime, humanisé et passionnel.
La maison 7 devient donc l’espace de référence pour les unions, le mariage, les contrats, mais aussi alors les divorces, les séparations, les procès. Globalement, elle représente l’autre par opposition à soi. Et cet autre prend le nom de conjoint, partenaire, associé ou encore concurrent, opposant, rival ; duo, tandem, équipe qui se forment par affection, accord, convention.
L’alliance scelle une entente entre conjoints. En s’unissant, ils entrent aussi dans la famille de l’autre. La belle-famille en étant une par alliance devrait donc s’identifier à la maison 7. Bien qu’il s’agisse d’une famille, elle s’immisce moins dans le sens affectif que dans le sens accompagnateur, dispensateur de conseils avisés ou non, de masse critique déterminante qui fait pencher la balance au moment de trancher dans des décisions importantes impliquant l’autre.
Si la maison 1 marque le début du cycle des douze maisons, l’étape de la maison 7 indique l’arrivée à mi-chemin de ce parcours zodiacal: c’est le début du deuxième hémicycle. Ce milieu joue donc le rôle d’équilibre (symbole même du signe Balance) qui suggère l’idée de justice, d’égalité, d’harmonie, mais aussi de proportion, de mesure, de modération.
Cet autre, sur lequel nous projetons nos attentes, nos désirs ou que nous chargeons de nos insuffisances, peut alors devenir notre sherpa ou encore notre bouc émissaire… Cet autre serait-il donc aussi un miroir?
MAISON 8 - SCORPION
Dernière des quatre maisons abritant la vie: celle-ci touche à son terme. Les principes masculin et féminin ayant été réunis en maison 7 ou Balance ont réalisé le nécessaire. Maintenant que la vie a porté ses fruits, elle ne semble plus essentielle. Tout a été accompli. La force attractive qui les faisait converger se retire comme pour les dévitaliser. Dans la maison 4, les cellules se multipliaient pour former un individu. Parvenues à la maison 8, les mêmes cellules en se déstructurant entreprennent un processus inverse.
La forme native, sensible et apparemment passagère de l’individu se disloque. La personne craint le néant alors qu’une entité, un substrat pourrait survivre au processus de dégagement de cette forme20 d’où la vie se consume, se retire, s’éteint. Nous ne savons rien de ce qui demeure au-delà de cette décomposition. Cependant, c’est justement cette maison 8 et la place qu’elle occupe dans tout le cycle zodiacal qui fait subsister le doute quant au néant pouvant suivre la mort. En effet, la maison 8 n’est pas la fin du cycle. En conséquence, nous sommes invités à penser21 que « quelque chose » et non pas « rien » franchirait le seuil.
L’élan initial amorcé dans la maison 1 ne viendrait pas mourir dans la maison 8 même si traditionnellement elle est appelée maison de la mort. Il n’y aurait pas plus de mort en maison 8 qu’il n’y eut de fin en maison 4 où, pourtant, spermatozoïde et ovule se sont fondus, abandonnant par le fait même leur particularité, leur individualité propre non pas pour mourir, mais pour se dissoudre et vivre l’un dans l’autre. En maison 8 il y a aussi perte d’individualité, abandon de la vie, mais il n’y aurait pas néantisation.
Ainsi, la maison 8 précise ce que la personne aura à « vivre » relativement à la mort, et celle-ci ne se réduit pas à sa dimension physiologique. On peut aussi connaître la mort, la voir de près en luttant par exemple contre elle pour finalement échapper à son emprise. Cette maison révèle la menace qui plane, le danger qui rôde, la violence d’une agression, l’augure funeste, l’implacabilité. Par contre, un traumatisme peut aussi être à l’origine d’une nouvelle vigueur, d’une renaissance.
De plus, avant la mort proprement dite, il nous est donné de vivre ce que nous convenons d’appeler des petites morts. Avant l’ultime séparation où l’on quitte la vie, on peut avoir à quitter sa famille, son partenaire, sa maison, son pays ; avoir à se départir, sans toujours notre consentement, d’objets précieux, de sommes d’argent ou de biens auxquels nous étions attachés. La maison 8 montre ce qui nous est retiré, parle d’un vide qui fait mal. Ces petites morts, ces petits deuils, ces drames correspondent à des arrachements, des cessations, des dissolutions. Quelque chose se désagrège, se corrompt, se rompt. Dans des cas extrêmes, c’est le chaos, la ruine, la tragédie. Il se peut aussi que des biens soient acquis parce que la mort a frappé en nous enlevant un être cher, le dépouillant de ses avoirs. Richesses acquises au prix de la mort ou sans effort particulier: donations, héritages, legs.
La pierre précieuse s’extrait de sa gangue comme l’entité dénommée esprit, conscience, âme ou égo s’extirperait du corps démembré pour compléter le cycle, pour poursuivre le voyage à travers les quatre maisons non encore explorées22.